Un chef de milice libyen recherché par la CPI assassiné à Benghazi

Un chef de milice libyen recherché par la CPI assassiné à Benghazi

Mahmoud al-Werfalli, le chef de la milice de la Brigade Saiqa affiliée à l’Armée nationale libyenne, a été abattu mercredi à Benghazi par des assaillants inconnus.

Une voiture dans laquelle se trouvaient al-Werfalli et son cousin Ayman a essuyé des tirs près du centre médical de Benghazi. Ils ont été emmenés à l’hôpital, mais auraient été déclarés morts à leur arrivée. Au second d’écrire ces lignes, aucun individu ou groupe n’a revendiqué l’assassinat. Les porte-parole de la LNA ont confirmé la mort d’al-Werfalli, affirmant avoir arrêté deux suspects.

شاهد | المشاهد الأولى لوصول جثمان المطلوب للجنائية الدولية محمود الورفلي بعد اغتياله بوابل من الرصاص بالقرب من جامعة العرب الطبية في بنغازي. # ليبيا pic.twitter.com/m9YkygD01d

– قناة فبراير (@FebruaryChannel) 24 mars 2021 Vidéo prétendument de l’arrivée d’al-Werfalli à l’hôpital après avoir été mortellement abattu.

La Cour pénale internationale a émis deux mandats d’arrêt contre al-Werfalli pour crime de guerre de meurtre. Le premier mandat, délivré en 2017, était basé sur des vidéos mises en ligne par la LNA le montrant participer aux exécutions extrajudiciaires de 33 personnes à Benghazi et dans les environs, la première fois que des preuves de supply ouverte ont été utilisées dans la délivrance d’un mandat d’arrêt de la CPI.

Vidéo newbie capturant des coups de feu entendus alors que des partisans d’al-Werfalli se rassemblent devant le centre médical de Benghazi

Cependant, la LNA n’a jamais livré al-Werfalli, faisant de lui un haut responsable de ses «forces spéciales». Le pouvoir d’al-Werfalli à Benghazi, la base du contrôle du chef de la LNA Khalifa Haftar sur l’est de la Libye, n’a cessé de croître au fil des ans, comme en témoigne une vidéo récente où lui et ses membres de la milice détruisent un concessionnaire Toyota dans la ville tout en menaçant son propriétaire avec armes brandies.

La dernière ligne de entrance de la guerre contre le terrorisme : Toyota #LNA Al Saiqa Le colonel des forces spéciales Mahmoud Werfalli recherché par la CPI pour crimes de guerre accuse le propriétaire de corruption ayant détruit les bureaux du concessionnaire Toyota à #Benghazi

“Il y a une taxe sur le sang ici..Ne reviens pas ou tu es mort” pic.twitter.com/FrHKzCxsWK

– Anas El Gomati (@AGomati) 2 mars 2021

L’assassinat n’est potentiellement que la dernière escalade des luttes intestines entre les différentes milices qui composent la LNA, après que l’échec de la candidature de la LNA pour Tripoli a plutôt conduit à de nouvelles tentatives de answer politique qui ont abouti à la création du gouvernement d’unité nationale au début du mois. Le gouvernement d’union intérimaire avait annoncé vendredi dernier qu’il enquêterait sur la découverte de plus d’une douzaine de personnes abattues à Benghazi. Haneen al-Abdely, la fille de l’avocate assassinée et militante des droits des femmes Hanan al-Barassi, aurait également été enlevée hier à Benghazi, le fils de Haftar, Saddam, étant soupçonné d’avoir ordonné l’enlèvement.

Ces derniers incidents surviennent lors d’une visite à Tripoli du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et de ses homologues allemand et italien, Heiko Maas et Luigi Di Maio. Les comptes rendus de la réunion appellent au départ des combattants étrangers de Libye, avec peu ou rien de dit sur la responsabilité des abus de l’ANL à Benghazi. Certes, tuer al-Werfalli et peut-être d’autres personnalités de l’ANL impliquées dans des crimes de guerre entraverait les efforts visant à instaurer une telle responsabilité, si les pays européens ayant des intérêts en Libye changeaient d’avis.